Sumire-dō/Gravure de sceaux
Sumire-dō est la marque sœur de Furuhashi San’eidō, une boutique spécialisée dans les sceaux gravés à la main fondée en 1953. Sa mission : diffuser plus largement les magnifiques sceaux dont Furuhashi San’eidō a le secret. Nous nous sommes entretenus avec Aya Masuda, la fille de Hiroshi Furuhashi ; deuxième génération d’artisan graveur de sceaux dans la famille, elle est en outre la fondatrice de Sumire-dō.
Sumire-dō est la marque sœur de Furuhashi San’eidō, une enseigne spécialisée dans les sceaux née en 1953. Parlez-nous des circonstances qui ont présidé à sa création.
Il y a deux raisons à cela. Même si je suis née dans une famille de graveurs de sceaux et que je percevais le travail de mon père comme une chose évidente, les sceaux faisaient tellement partie de mon quotidien que je n’ai pas réalisé qu’il s’agissait là d’un artisanat traditionnel et que la valeur des sceaux façonnés à la main n’était en réalité pas si évidente. Bien qu’il s’agisse d’une facette merveilleuse de la culture japonaise…
Avant, je travaillais dans l’industrie du mariage. J’ai grandi en regardant mon père et mon grand-père travailler avec leurs mains et, tout en admirant le savoir-faire des artisans, j’étais fascinée par les robes haute-couture de Milan. Quand j’ai commencé à travailler, il y a de cela quinze à vingt ans, les robes d’importation n’étaient pas encore arrivées au Japon, je m’occupais de les faire parvenir jusqu’aux Japonaises. Je pense que l’expérience que j’ai acquise à cette époque m’a aidée à développer mon sens esthétique. J’ai ainsi pu prendre conscience de la beauté et du travail délicat propres à l’artisanat traditionnel japonais parce que je connaissais la culture raffinée d’autres pays, c’est la première raison.
L’industrie des sceaux, tout comme d’autres artisanats traditionnels, est actuellement confrontée aux défis du manque de successeurs et de la transmission des compétences. La deuxième raison est donc liée à l’air du temps : avec l’avènement des produits de masse bon marché, nous avons réalisé que nous avions besoin de personnes pour transmettre nos compétences et continuer à exister. C’est pourquoi j’ai créé Sumire-dō, une boutique de vente en ligne de sceaux que j’ai moi-même développés.
Est-ce cette expérience avec les robes étrangères qui vous a fait prendre conscience de la valeur et des défis qu’affronte l’artisanat japonais ?
C’est l’accouchement d’une amie qui m’a fortement incitée à redécouvrir la valeur du sceau hanko.
Quand une de mes amies a eu un bébé, je lui ai dit que je voulais lui offrir un cadeau de naissance, et elle m’a répondu qu’elle désirait un hanko pour son enfant. J’ai demandé à mon père de le graver et elle a été très touchée lorsque je le leur ai offert. Elle était heureuse qu’il ait gravé le nom que mon amie et son mari avaient eu tant de mal à trouver, auquel ils avaient tant réfléchi ! J’ai été soufflée quand elle m’a dit cela. Certes, les sceaux hanko sont pratiques et commodes, mais il était surprenant pour moi, qui ai travaillé dans l’industrie du mariage, qu’ils soient si heureux de recevoir un cadeau aussi humble pour la naissance d’un enfant. Un hanko donne une forme à un nom qui n’est pas tangible et en prend soin. J’ai découvert qu’il était une œuvre d’art que de concevoir un nom contenant les pensées et les souhaits des parents dans un petit cercle, et de les rendre plus beaux, plus attrayants encore. À partir de cette expérience, nous avons imaginé un étui du hanko qui puisse être offert en cadeau, au lieu d’être un hanko ordinaire. C’est ainsi qu’ont été créés le coffret en bois de cerisier de montagne original et le jeu de hanko en buis vintage, désormais disponibles en ligne sur le site de Sumire-dō.
Vous avez donc découvert de la valeur dans la gravure du nom de l’enfant imprégné des sentiments des parents. Quelles sont les caractéristiques de vos techniques de gravure, pour les sceaux ?
Tous les produits dont s’occupe Sumire-dō sont gravés à la main par la deuxième génération de graveurs de Furuhashi San’eidō. L’histoire des sceaux, pour vous en donner un bref aperçu, remonte à environ 6 000 ans. On dit que le sceau à l’origine des sceaux actuels fut créé vers 3 000 à 4 000 ans avant notre ère. Un sceau fut remis pour la première fois au Japon sous la dynastie chinoise des Han. Vers l’an 57 après J.-C. À l’origine, cet objet était utilisé par les fonctionnaires, les aristocrates et les seigneurs de guerre comme moyen de preuve ; ce n’est qu’à l’époque d’Edo que les gens ordinaires ont pu commencer à l’utiliser. Il s’est diffusé dans la société à partir des marchands, qui avaient besoin d’un cachet pour faire des affaires, donnant naissance à la profession de graveurs de sceaux, à l’origine de la gravure de sceaux moderne. Nagoya abrite la compagnie Shachihata, célèbre pour avoir mis au point un hanko qui peut être tamponné sans encre rouge. Et le hanko en caoutchouc a lui aussi été inventé dans le département d’Aichi. Nagoya a depuis toujours été une ville manufacturière, un lieu où de nombreuses idées sont nées.