← Back to DIALOGUE List

DIALOGUE

NAGAE TRADITIONAL DOLLS

Y a-t-il une approche de confection propre à l’atelier Nagae ? 

Il existe une méthode traditionnelle de base pour confectionner les poupées Hina, mais notre atelier se distingue par le nombre de pièces de vêtement, la variation des tailles ou encore les combinaisons de couleurs. Au départ, mon beau-père fabriquait par centaines des poupées de qualité standard à destination du marché de gros. Mais ces poupées, classiquement offertes lors de la naissance d’une fille ou pour lui souhaiter une croissance en bonne santé, ont vu ces dernières années leur demande décliner, en raison de la baisse de la natalité ou encore de l’exiguïté croissante des logements, avec pour conséquence un dépérissement de cette coutume et un affaissement du marché de gros. Face à cela, mon beau-père et moi avons décidé de développer l’originalité de nos poupées en les éloignant des standards de la production de masse. Nous nous sommes donc détournés du marché de gros et avons entamé une activité de production à la demande, tout en présentant nos créations lors d’expositions annuelles et autres concours professionnels. 

Les couleurs vives et les accessoires des poupées que l’on voit ici associées à la fleur de tournesol en guise de paravent ont un style résolument moderne. 

Oui tout à fait. S’il est vrai que la plupart des poupées Hina utilisent classiquement le répertoire des couleurs japonaises traditionnelles, nous avons souhaité nous en affranchir en apportant des nouveautés qui devraient plaire aux jeunes. Cette création, dont l’intitulé « Soleil et fleur de tournesol » reprend le thème de la fleur symbolique de notre ville, a reçu le premier prix, dans la catégorie planification, du président de l’Association des poupées japonaises. Nous avons également collaboré à des œuvres intégrant des textiles teints d’Arimatsu ou encore des émaux cloisonnés Shippoyaki, en confectionnant des éventails et des accessoires novateurs, car les accessoires traditionnels s’accordent mal aux poupées arborant des tons contemporains. 

Outre l’utilisation des couleurs, quelles sont les particularités techniques spécifiques à votre atelier ? 

La technique de superposition des tissus pour le col, les manches et le bas du kimono de cérémonie se fait classiquement en cinq couches, mais nous avons choisi de doubler ce nombre afin de créer plus de volume, tout en recherchant un déploiement majestueux des habits grâce à un ajustage au millimètre de chaque couche. Cela a progressivement permis de conférer une beauté harmonieuse au vêtement, non seulement de face, mais également sous tous les angles de vue. Nous sommes probablement l’atelier qui consacre le plus de temps et d’énergie à la précision dans l’ajustage des divers composants de la poupée. 

Je crois comprendre que le tissu que vous utilisez pour les habits est spécifique à chaque modèle de poupée… 

Exactement. Les vêtements des poupées produites à grande échelle sont très souvent issus de rouleaux de 10 mètres de tissus aux coloris assortis, permettant une utilisation intégrale, sans aucune perte lors de la coupe. Dans notre atelier, du fait de notre choix de coloris originaux, nous devons faire appel à des teinturiers spécifiques, puis commander des broderies de couleur à des maisons spécialisées dans les étoffes Nishijin, le tout nous permettant d’obtenir des tissus exclusifs. Pour les textiles à motifs occidentaux et les habits de style Arimatsu, nous employons des tissus initialement destinés à l’habillement humain. Comme notre coupe du tissu privilégie le respect du motif, nous avons de nombreuses chutes, ce qui ne conviendrait pas à la production de masse. 

Pourquoi votre atelier propose-t-il de nouvelles créations dans le cadre de ce projet porté par la ville de Nagoya ? 

La baisse de la natalité va à l’évidence se poursuivre, et le marché restreint des poupées des fêtes saisonnières ne peut que s’étioler. En mettant à profit notre savoir-faire dans la confection des poupées, nous pouvons créer d’autres produits que l’on peut vendre non seulement tout au long de l’année, mais également ailleurs qu’au Japon. Comme cette approche me semble indispensable à notre sauvegarde, nous avons postulé à ce projet. 

Vous avez ainsi innové avec des vases soliflores, comment les fabriquez-vous ? 

Nous avons recouvert une base en bois de plusieurs couches de tissus traditionnellement utilisés pour l’encolure du vêtement d’une poupée, puis inséré dans l’ensemble un vase tubulaire en émail cloisonné. Il faut compter environ deux mois entre la commande des matériaux et la réalisation finale. 

Quels sont les matériaux et les procédés utilisés ? 

Nous employons la même technique que pour les habits de cérémonie de la poupée Hina, avec une superposition de divers tissus à l’instar du kimono traditionnel. Il nous a fallu près de trois mois pour expérimenter le procédé et choisir ensuite les matériaux adéquats. Pour le tissu, nous avons opté pour un textile destiné aux vêtements de style occidental, et non pour les fines broderies Nishijin classiquement portées par les poupées. Les couches du haut du vase, qui représentent l’encolure, sont tissées avec 80 % de laine et 20 % de chanvre, tandis que la base du vase, qui représente le corps du kimono, est recouverte de tissu japonais Kōshū Inden du département de Yamanashi. Les tissus sont teints afin d’obtenir une harmonie de l’ensemble final. 

1 2 3 4